L’église Saint-Martin

A la suite de Vatican II, un renouveau liturgique s’est manifesté comportant entre autre une meilleure adaptation des lieux de culte, en particulier le déplacement du maître-autel de telle sorte que le prêtre ne tourne plus le dos aux fidèles qui assistent aux diverses célébrations religieuses.
L’église Saint-Martin de Contest a suivi cette modernisation et le 4 septembre 1966 l’évêque de Laval a consacré le maître-autel installé au centre du chœur profondément modifié. La restauration a été menée avec goût et la valeur architecturale de l’édifice n’en a pas pâtia

Eglise Saint-Martin

Mais quelle sont les grandes dates qui ont marqué l’histoire de cette église paroissiale? Nous nous aiderons du dictionnaire de l’Abbé ANGOT qui fait référence pour l’histoire du département de la Mayenne.

Les origines de ce monument sont imprécises, mais elle est sans aucun doute très ancienne: les énormes pierres tombales en granit aperçues dans les premiers contreforts et marquées d’une croix gauloise et d’une épée en attestent.
A la fondation de Contest (1ère mention écrite en 1106), on peut penser qu’une communauté religieuse était déjà existante en cet endroit, disposant au moins d’une église. Rappelons nous que l’une de hypothèses émises sur le nom de la commune est l’existence d’un Saint Contest qui après s’être fixé ici aurait devant les incursions des Bretons été se fixer définitivement dans le Calvados, en un lieu qui a justement pris le nom de Saint-Contest.

D’abord de style roman comme l’atteste la fenêtre géminée de son chevet (Xie siècle), la voûte du chœur sera surélevée aux alentours du XIIIe siècle, avec propension gothique. La croisée d’ogives est assez curieuse et assez rare. L’édifice devait s’arrêter environ trois mètres au delà des deux premières fenêtres romanes de la nef. Plus tard, on prolongera cette nef jusqu’aux dernières fenêtres actuelles, tandis qu’on murait la jolie petite porte côté sud. En 1881, une dernière travée fut ajoutée flanquée d’un clocher, le tout de style gothique.
Cette dernière partie fait ombrage à la pureté et simplicité de ligne de la partie la plus ancienne…Le matériau utilisé pour la construction de cette dernière partie, le tuffeau, contraste avec les pierres grisâtres patinées par les siècles. Sous le porche du clocher, on peut lire: « Ces tour et travée ont été érigées en 1881 par les fonds de la Fabrique et le concours des propriétaires et des habitants de cette paroisse. MM BERGER, curé; BRUGEON, vicaire; CHARPENTIER, maire ».

Au XVIIIe siècle
En 1608, le curé ILLAND Jean fit bâtir les deux chapelles formant transept et donnant ainsi à l’église sa forme de croix. (La date de 1608 peut être lue sur le cintre de la chapelle sud). C’est lui qui commanda au sculpteur flamand VAN DOLO le tableau du Rosaire de la chapelle sud et le bas relief de la Résurrection de Lazare de la chapelle de Notre Dame des Bois, qui est depuis quelques années admiré comme sous-autel de la chapelle sud. La Chapelle de Bois a été érigée à cette époque par une parente du curé: Marie COTTEBLANCHE. Ces deux œuvres magnifiques ont été classées Monuments Historiques en 1910.
Dans le même siècle, le curé MOULARD fit murer les fenêtres géminées du chœur et placer le monumental retable actuel, en tuffeau et marbre (1658). Quatre tablette de marbre noir rappelle sa construction avec les revenus de l’Église et les dons des paroissiens.
Ces deux curés couvrirent à eux deux presque le siècle! (L’abbé Jean ILLAND de 1584 à 1634 et l’abbé René MOULARD de 1655 à 1694)

Le retable
Ce retable, non signé, est sans aucun doute l’œuvre des frères LANGLOIS, artistes sculpteurs établis à Laval. On retrouve le même à HAMBERS qui est lui signé. Ce type de retable a été adapté dans le chevet de nombreuses églises du Maine et de l’Anjou:  » Ces œuvres appartiennent à une série de monuments d’une conception trop solennelle au gré de quelques-uns et un peu froide si l’on veut, mais ils sont très décoratifs; Ils sont dus à une pléiade d’artistes Lavallois dont la renommée s’étendit bien au delà du département et sur une bonne partie du XVIIe siècle.

L’élément du succès fut essentiellement la découverte des marbres du pays de Laval: noirs et jaspés , près d’Argentré, rouges veinés de blanc à Saint-Berthevin. Les uns et les autres étaient utilisés pour les colonnes, les pilastres, les bandeaux, les pyramides…
On reste admiratifs devant cet ensemble dont l’ordonnance marque le goût de l’époque en pleine apogée du règne de Louis XIV…
Il faut aussi se poser la question de savoir si lors de la restauration il n’aurait pas été souhaitable de revenir au chevet primitif en remettant en évidence les fenêtre géminées romanes…
Enfin , dans les cinq niches qu’il comporte ont été placées des statues plus ou moins anciennes: le Christ, Saint Vincent, Saint Martin, Sainte Thérèse d’Avila et la Vierge de la Compassion.

Les chapelles
Dans la Chapelle sud, au dessus de l’autel se trouve donc le tableau du Rosaire (encore dit la Vierge au lait): c’est un bois sculpté en demi relief représentant la Vierge donnant le Rosaire à Saint Dominique. En fait le chapelet n’est pas d’époque. La Vierge semble descendre du ciel, portée par un croissant et entourée de nuage d’où émergent deux angelots. Elle a la tête très ovale et le front dégagé. L’enfant Jésus, sur le bras gauche de sa mère est tout nu et offre une particularité: il se détourne du sein de sa mère et d’un mouvement plein de grâce et de nonchalance il pose sa main droite sur son cou et s’amuse avec un chapelet de sa main gauche. Faisant pendant à Saint Dominique, l’artiste a placé Sainte Catherine de Sienne avec la couronne d’épines et les stigmates. A remarquer encore, la pureté des plis des robes et des manteaux qui habillent les trois personnages.

La chapelle nord présente elle, un panneau de bois sculpté avec Saint Jean baptiste portant un agneau, Sainte Suzanne avec un vase de parfum à son nom, Saint Michel terrassant le dragon et tenant dans sa main gauche un enfant personnalisant une âme qu’il vient d’arracher au démon; Sainte Catherine avec une palme et les instruments de son martyr: roue et épée et Saint Nicolas avec le charnier et les trois enfants. Cette œuvre ne semble pas être de VAN DOLO, mais a plutôt été transférée de l’abbaye de Fontaine Daniel vers 1791 au moment de la disparition de l’église abbatiale. Sur l’autel, un Christ en bronze.

Les autels
Dans chacune des chapelle, un bel autel ancien en granit; avant la construction des chapelles on peut penser qu’ils avaient leur place en haut de la nef, juste sous les statues de Saint Pierre et Saint Paul.
Le maître autel, quant à lui fut installé en 1927 au cours d’une grande fête paroissiale. Sur un côté on lit: « Don de la famille GOUAULT-LECENDRIER, Léon BRETEAU, curé de CONTEST ». En marbre, il a une ligne très pure s’harmonisant avec le retable. C’est en cette année que furent aussi murées certaines ouvertures des chapelles. Lors des travaux de restauration, le maître autel a été déplacé au centre du transept, face aux fidèles et les « piscines » ont été remises en évidence.

En descendant la nef du chœur vers la sortie, nous pouvons voir: en nous retournant la dissymétrie voulue sans doute par les constructeurs; d’une part une belle colonne cylindrique d’où part l’élan des voûtes et des ogives, d’autre part, un pilastre en pierres assemblées; des piscines de chaque côté différentes par la forme et la position.
Vers le milieu de notre descente, flanqué sur le mur, un magnifique Christ, en bois de noyer, grandeur naturelle.

Juste avant le porche de sortie, les fonds baptismaux restaurés et contre le mur une dalle funéraire à effigier gravée de Jehan de la MATHERAYE, classée monument historique en 1908. Le chevalier y est représenté sous un dais gothique, armé, les mains jointes, un lévrier sous les pieds, un écusson frustre aux deux côtés avec un bout de légende encore lisible: « Noble home Jehan de la Matheraye, jadi Seigneur de la Matheraye… » Le style des lettres et du dais à pendentif indique le XVe siècle.

Le clocher
Avant de nous éloigner de cette petite église, un dernier regard sur son clocher. Il abrite trois cloches qui célèbrent encore à leur façon les joies et les peines du village…
Laissons les se présenter:
eglise_saint_martin_petite_cloche

La Moyenne: je pèse 700 kg. J’ai été donnée en 1856 par M. TAROT, curé de la paroisse. Mon parrain est M. TAROT et ma marraine est Mme Veuve PUISARD. Je m’appelle Marie-Françoise.
La Petite (en photo, ci-contre) : je pèse 520 kg; tous les habitants ont contribué à ma naissance le 4 juin 1864. Fondue au Mans par la maison BOLLEE père et fils, je suis Marie Pauline et je suis bénie par Mgr WICART, premier évêque de LAVAL. Mon parrain est M. Paul, Lucien LECENDRIER, maire de CONTEST et ma marraine, Mme Vve Marie Alexine POINCON DE LA BLANCHARDIERE, née de la HAMELINAYE
La grosse: je pèse 1250kg. et suis aussi nommée bourdon. Née en 1885, je m’appelle Léonie Louise Marie; j’ai été donnée par M. Léon COURTEILLE curé de Saint-Aubin-Fosse-Louvain et ancien curé de Contest; j’ai aussi comme marraine: Mlle Louise GIRARD. Le curé de la paroisse est alors Alfred BROUSSIN et le maire: Pascal CHARPENTIER.

Le cimetière se trouvait autour de l’église…
Autrefois le cimetière se trouvait autour de l’église paroissiale, occupant le côté nord et le côté sud de celle-ci. En 1840, alors que la population de Contest était près du double de ce qu’elle est actuellement, le cimetière s’avérait trop étroit. Le Conseil Municipal recherchait alors un terrain…
C’est le Général de la Mamelinaye, propriétaire du château de la Cour, conseiller municipal et fondateur du bureau de bienfaisance qui donna le terrain à l’entrée du bourg, sur la route de Mayenne, là où il se trouve actuellement. Dans le registre de délibération du Conseil Municipal, on peut lire: « Je, soussigné, déclare concéder à la commune de Contest, en toute propriété, 36 ares de terrain pris dans mon champ dit « le Clos Renard » pour y établir un cimetière. Je me réserve six mètres carrés pour la sépulture de ma famille. Je consens à renoncer à la propriété actuelle qui m’avait été accordée à condition que l’ancien terrain du cimetière autour de l’église reste à perpétuité place publique, qu’il n’y soit élevé aucune construction, et qu’il ne serve à déposer ni bois, ni matériaux, ni immondices… »
Au fond du cimetière, sous quelques conifères, se trouve l’emplacement réservé à la famille Hamelinaye ainsi que la tombe du donateur très simple entre celles de son cocher et de son valet qui furent à son service pendant 30 années.
L’emplacement de l’ancien cimetière est devenu au nord de l’église un parking où se trouve le monument aux morts et au sud une partie engazonnée où a été planté un tilleul à la place d’un majestueux marronnier qui est mort de sa grande vieillesse et qui a été abattu il y a quelques années… La place a été restaurée en 2000 et l’église a reçu un éclairage qui ne manque pas de la mettre en valeur chaque soir.Cette note a été inspirée de « Histoire de Contest » de Michel BARRE, ancien secrétaire de mairie de CONTEST et du « dictionnaire » de l’Abbé ANGOT.